La révolution de la "plateformisation" 2/2
Les exemples de réussite d’entreprises adoptant la plateforme comme modèle sont de plus en plus nombreux. Uber, BlaBlaCar, Airbnb ont ainsi gagné leur pari en devenant de grandes multinationales, sans autre capital de départ que l’algorithme créé pour faire fonctionner leurs applications. Bien implantées dans certains secteurs comme celui du transport, du logement ou encore du service à la personne, cette révolution n’en est pourtant qu’à ses premiers balbutiements. Pour ce deuxième article consacré à la plateformisation, les Débrouilleurs vous propose un petit tour d’horizon sur l’avenir radieux de ce nouvel écosystème.
Déjà fortement présentes sur le secteur du transport, que ce soit sur de courts trajets (Uber), ou plus longs (BlaBlaCar), les plateformes ont d’ores et déjà chamboulées la hiérarchie de ces marchés qui souffraient pourtant d’un taux de pénétration très faible, en maximisant des capitaux déjà existants et en proposant aux automobilistes de rentabiliser l’achat de leurs véhicules. L’avenir ne se situe pas seulement dans l’expansion de ces entreprises aux pays encore vierge de plateformes, mais bien à la multiplication de ce modèle à tous les véhicules. Ainsi, on observe en Indonésie la croissance fulgurante d’une start-up, Go-Tech, un service de VTC appliqué aux deux roues, véhicule le plus utilisé dans le 4e pays le plus peuplé du monde.
Des changements structurels en vue pour les professions libérales
Les plateformes ne modifient pas seulement le rapport de l’individu par rapport à sa démarche de consommation. Elles impliquent une modification structurelle de certains emplois, notamment pour les professions libérales. Les avocats ou les médecins pourraient ainsi voir leur manière de travailler devenir tout à fait différente dans les prochaines années.
Tout d’abord la recherche du professionnel adéquat pour le consommateur. Dans le cas de la mise en place d’une plateforme, on pourrait imaginer des critères concurrentiels apparaître, alors qu’ils n’existaient pas jusqu’ici (au profit de la réputation et du bouche-à-oreille). C’est déjà le cas pour les juristes qui voient les plateformes de mise en relation où les avocats sont notés par leurs clients, se multiplier. Certaines plateformes comme MySVZ proposent également le suivi de dossier en ligne, via un cloud intégré, ainsi qu’une batterie de services disponibles directement via l’application.
Outre ces nouveaux critères de choix, il faudra prendre en compte la centralisation des informations, qui permettrait à un médecin, dans le cas d’un patient particulièrement délicat, de se référer à un historique des cas similaires afin de lui réserver le meilleur traitement possible.
Vers un nouveau mode de gouvernance ?
L’émergence des plateformes et la démocratisation des nouvelles technologies ont déjà commencé à modifier le rapport de l’Etat avec les citoyens. Outre deux projets de loi (République numérique et Citoyenneté) qui ont été soumis à une consultation libre sur internet, les administrations publiques sont désormais tenues de mettre à disposition sur le web toutes les informations relatives à leur fonctionnement, afin d’afficher une plus grande transparence politique.
Certaines municipalités vont cependant plus loin. Celle de San Francisco, par exemple, met à disposition toute les données qu’elle possède sur le territoire qu’elle administre. Une initiative peut être anodine mais qui réjouit les développeurs d’application utilisant les données GPS qui devaient faire appel à un intermédiaire pour obtenir ces informations (Google Maps par exemple). Autre possibilité offerte par les plateformes, la nouvelle facilité pour exprimer un suffrage à propos d’un sujet à débat. Une technologie facile à mettre en place qui n’attend plus que l’initiative des politiques pour la mise en pratique.
L’apport de ces plateformes ne permet pas simplement d’apporter une solution à une croissance morose. Outre les externalités économiques positives qu’elle peut être amenée à dégager, on observe également que c’est un modèle qui permet de renouer le lien social grâce à une approche commercial plus charnelle et moins impersonnelle. Grâce à la démultiplication des informations et des solutions que génère le web, les citoyens sont à même de développer des solutions à leurs besoins personnalisées par le biais de ces plateformes. Entre maximisation des capitaux qui nous sont disponibles et démarche consommateur désintermédiée, les plateformes nous plongent dans un avenir pour l’instant inconnu, mais qui rompt certainement avec les codes sociaux et économiques de l’ère post-industriel.