Euro 2016: Airbnb et Homeaway mènent au score, les hôteliers montent au pressing
L’Euro 2016 a déjà commencé depuis 4 jours, et la sécurité n’est pas le seul sujet de discorde qui subsiste autour de cette manifestation sportive ! Tandis que les plateformes en ligne de location entre particuliers se réjouissent déjà du nombre de réservations qu’apporte la compétition, les hôteliers eux, déplorent un clair manque à gagner. La raison ? Une “concurrence clairement déloyale” dénoncée par les syndicats UMIH et GNC qui invitent les professionnels du tourisme à ne plus verser la taxe de séjour aux collectivités territoriales en signe de protestation. Les chèques retenus dans les coffres des hôtels représenteraient plusieurs millions d’euros.
Avant le début du troisième Euro de foot organisé par la France, plusieurs facteurs à risque inquiétaient les pouvoirs publics et les milliers de supporters attendus. Terrorisme, manifestations violentes, hooligans, inondations… Autant de sujets sensibles qui mettent en exergue les questions liées à la sécurité dans les 10 villes françaises qui accueillent les matchs de la compétition. Si, pour le moment, seuls les hooligans russes et anglais ont fait la une des quotidiens, un autre sujet risque de perturber les collectivités et notamment leur budget.
Les syndicats montent au créneau
Déjà très critiques à l’encontre des nouveaux acteurs 2.0 du marché du tourisme, les syndicats d’hôteliers ont décidé d’agir. À quelques jours du début de la compétition qui doit amener des millions de touristes en France, l’UMIH (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) et le GNC (Groupe national des chaînes hôtelières) ont appelé à ne pas reverser la taxe de séjour à l’administration publique. Cette taxe, d’une valeur de 0,80 à 5 euros par jour et récoltée automatiquement par tous les hôtels, n’est pour l’instant collectée que par Airbnb et uniquement pour les villes de Paris et Chambéry. Tout un symbole, donc, pour les professionnels du tourisme qui dénoncent une concurrence déloyale de la part de ces plateformes.
Un Euro 2016 ubérisé ?
Néanmoins, le réel problème causé par ces plateformes ne se situe pas tant au niveau de la taxe de séjour que dans les premiers bilans économiques de l’Euro. À 24h du coup d’envoi du premier match, France-Roumanie, vendredi 10 juin à 21h, la plupart des hôtels parisiens ne sont qu'a moitié plein, même si la situation est meilleure en province (source Franceinfo). Des chiffres inquiétants à la vue de la situation des réservations d’hôtels quelques années auparavant, dans un contexte analogue. Un mois avant le début du Mondial de rugby en 2007 et même trois mois avant le Mondial de football, il n’était plus possible de trouver des chambres dans les villes où se jouaient les matchs. Si les professionnels du secteur notent un penchant de plus en plus grand des touristes pour la réservation de dernière minute, ils ne se font pas d’illusions quant aux parts de marché grignotées par leurs nouveaux concurrents. Airbnb a ainsi annoncé avoir enregistré plus de 250 000 réservations (source le Parisien) pour la période courant du 10 juin au 11 juillet et le groupe Homeaway-Abritel est même devenu l’un des sponsors officiels du tournoi, acquérant ainsi le privilège d’avoir des encarts publicitaires dans tous les stades de la compétition.
C’est donc en réponse, selon les syndicats hôteliers, au manque de réaction des pouvoirs publics face à cette menace, que s’opère cette “grève des chèques”. 9 des 10 villes organisatrices sont concernées. Seul Lens a été épargné, puisqu’il n’est pas considéré comme “site touristique” selon les leaders du mouvement (source FranceInfo). Cette tentative de pression auprès du Ministère des Finances représenterait, selon les estimations, une dizaine de millions d’euros, qui n’irait donc pas aux collectivités territoriales. Les plateformes de location de logements entre particuliers voient se dresser devant elles des adversaire de plus en plus nombreux (mairies, corporations de professionnels...) dans un match qu'on risque de voir se poursuivre en prolongations.