La révolution de la

La révolution de la "plateformisation" 1/2

  /   par David Frade

Nouveau terme englobant les notions "d'uberisation" et "d'économie collaborative", la plateformisation est décrite comme une réelle transformation sociétale. Si les conflits schumpéteriens ne manquent pas pour justifier le terme de révolution, les bénéfices économiques non plus. Une efficace réorganisation horizontale de la communication entre les acteurs économiques, impliqués dans les échanges de biens et de services, ont permis aux plateformes en ligne d'imposer un rythme de croissance difficile à réglementer pour l'appareil législatif. Ces dernières ont su profiter de conjonctures technologiques et économiques favorables pour repenser l'offre et la demande. Aujourd'hui elles sont en passe d'irradier l'ensemble des secteurs économiques.

Un environnement propice à la "plateformisation"

Au préalable, un état des lieux s’impose. Présentes dans de plus en plus de secteurs (tourisme, transports, logement, livraison de repas…), les plateformes ont investi des marchés qui présentaient des caractéristiques communes et favorables à leur introduction. À commencer par l’information. 

Considérée comme une plue value importante dans les secteurs précédemment cités, l’information circulait alors de manière verticale et était donc difficile d’accès dans sa totalité par tous les acteurs et intermédiaires lors d’une transaction. Les interfaces des plateformes ont permis d’effacer cette limite et d’afficher une transparence quasi-totale pour tous les interlocuteurs lors d’un acte d’achat. L’exemple le plus criant reste celui des livraison de repas qui, grâce aux plateformes dédiées, permettent au restaurateur, au livreur et au client de connaître tous les détails du circuit emprunté par le repas commandé. 

Autre facteur commun et favorable à la “plateformisation”, la création d’emploi. La saturation et la forte concurrence sur ces marchés rendaient impossible l’augmentation des effectifs, déjà en situation précaire. Hors, les nouveaux outils et modes d’organisations qu’impliquent ce nouveau modèle ont permis de désenclaver la création d’emploi. Interface pour les travailleurs et les clients, développement de l'auto-entreprenariat, évalutation des acteurs de la prestation... la maison mère ne gère que l'algorithme et le service client à l’image des applications de VTC. Il y a 15 ans, il était impensable qu’un concurrent puisse boulerverser le monopole des compagnies de taxis sur le transport privé de particuliers. Mais ça, c’était avant (Uber). 

Néanmoins, certains secteurs d’activités continuent d’opposer des résistances, malgré la présence des conditions favorables cités auparavant. Une législation très contraignante (banque, assurance, santé…) ou un impact économique fort en cas de défaut de fonctionnement peut inciter certaines corporations à patienter avant passer le cap de la “plateformisation”.

Autre facteur restrictif à l’adoption des plateformes en ligne, les industries ayant un fort besoin de matières premières et pour lesquelles l’apparition d’internet a eu un faible impact sur les méthodes de production. 

La digitalisation de la monnaie et des modes de financement, un tremplin

Techniquement possible, il a fallu aux plateformes développer la confiance des industriels afin de se démocratiser. Quelle meilleure manière de prouver sa légitimité qu'en s'investissant dans la sécurisation et la simplification des échanges monétaires et financiers en ligne ?

La digitalisation de la monnaie et des procédés de financement a été précurseur dans la “plateformisation” des échanges. Paypal a été l’une des premières entreprises à avoir initié cette mutation. Forte de son rachat par le site d’enchères Ebay, la plateforme de paiement sécurisé en ligne représentait plus de 70% des paiements sur ce site, au plus haut de son activité, en 2010 (sur 9,5 milliards de chiffre d’affaires). 

Autre précurseur qui a permis la démocratisation des plateformes, le système de financement en ligne. De nature participatifs, plusieurs sites comme KissKissBankBank ou MyNewStartUp permettent à tout type d’acteurs (start-up, artistes, projets culturels ou associatif) de soumettre des demandes de financement. Une démarche loin d’être anodine puisque plusieurs projets ambitieux ont pu ainsi voir le jour grâce à cette alternative qui palie le manque de moyen des business angels. Cette solution a permis de récolter 70 millions d'euros en 2013, soit 30 millions de plus que l'année prédédente. 

Impulsée par les avancées technologiques et des facteurs économiques conjoncturels favorables, la “plateformisation” a mis en avant son efficacité via son utilisation dans l’échange monétaire et financier. Les exemples de plateformes concrets sont aujourd’hui légions, et plusieurs d’entre elles sont entrées dans le quotidien de l’individu équipé d’un smartphone. Pourtant, elle annonce des modifications structurelle sur l’emploi, le mode de fonctionnement de certaines professions libérales (avocats, médecins…) et la gouvernance des peuples. Un petit aperçu du futur que l’on vous propose de retrouver vendredi sur notre blog ! 

 

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